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JP-BUSE
6 janvier 2008

Définition d'une secte selon l'ADFI

ADFI Aquitaine
Extrait du "GUIDE PRÉVENTION SANTÉ - SUD OUEST / CIJA."
Supplément au journal n° 15369 daté du mars 1994.
  1. Définition
  2. Comment les sectes conditionnent-elles ?
  3. Les créneaux des sectes

1. Définition

Les critères de jugement ne sont pas au niveau idéologique des croyances mais au niveau des agissements et des comportements qui portent atteinte aux droits de l'homme, à la dignité et à la liberté de la personne humaine.

Une secte est un groupe dans lequel on pratique :
une manipulation mentale qui entraîne : endoctrinement, contrôle de la pensée, viol psychique.
une destruction de la personne : sur un plan :

  • physique : alimentation carencée, manque de sommeil, travail intensif;
  • psychique : altération de la personnalité, du comportement et de l'esprit critique;
  • intellectuel : rétrécissement des champs de connaissances extérieures à la secte;
  • relationnel : régression des capacités de communication;
  • sociale : animosité totale envers le système global de la société;

une destruction de la famille : critiques, attaques, injures, calomnies. Éloignement, rupture de la relation parents/enfants. Séparations, divorces.

Voire : une destruction de la société : soit en empêchant les adeptes de participer à la vie sociale et culturelle de leur pays. Soit en demandant à des adeptes d'infiltrer tous les réseaux de la vie économique, politique.

Avec à la base : une escroquerie intellectuelle, morale et financière.

2. Comment les sectes conditionnent-elles ?

Un gourou : un leader incontesté, incontestable, craint, aimé.
Une doctrine : message unique et ultime de salut.
Un groupe : chaleureux, hiérarchisé.
Vont accomplir un conditionnement du futur adepte en quatre étapes :

Première étape : séduire et survaloriser
  • En proposant des réponses simples et même simplistes aux questions complexes de l'existence (la vie, la mort, la maladie...) à l'intérieur d'un groupe a priori chaleureux.
  • En utilisant tous les grands thèmes mobilisateurs de notre époque : écologie, OVNI., méditation, relaxation...
  • En valorisant le futur adepte : "Tu es beau, intelligent, nous avons besoin de toi pour une grande mission".
  • En lui garantissant le bonheur, la liberté, la connaissance.
Deuxième étape : anesthésier l'esprit critique et la personnalité
  • En créant un état de fatigue : longues journées de travail, conférences, démarchage à domicile ou sur la voie publique, longs temps de méditation, de prière, de formation à la doctrine du groupe.
  • En modifiant les habitudes alimentaires : régime, jeûne,...
  • En créant des conditions de vie qui empêchent le futur adepte de prendre le recul nécessaire et qui l'autoriserait à réfléchir à ce qu'il fait ou vit.
  • En réduisant l'intimité jusqu'à la rendre dérisoire : impossibilité d'être seul un instant, obligation de se raconter, confession obligatoire et dirigée...
  • En modifiant le vocabulaire : le futur adepte doit s'approprier un langage qui "sonne" bien, qui fait sérieux, scientifique ou religieux, mais qui n'a de sens qu'à l'intérieur du groupe. Cette technique, sournoise, le prive de toute communication avec le monde, et en fait, paupérise sa pensée (résultat très exactement opposé à ce qui était proposé au cours de la première étape).
Troisième étape : renforcer l'adhésion au groupe et favoriser les ruptures
  • Abandon des études
  • Départ à l'étranger (pour une formation généralement)
  • Rupture avec la famille, les amis, la société. Toutes les informations qui proviennent de l'extérieur sont déclarées suspectes ou manipulées. Toutes les personnes qui critiquent la secte sont décrient comme négatives, dangereuses, opposantes aux progrès de l'humanité. Il est fortement conseillé de ne pas ou de ne plus les fréquenter, de les calomnier et éventuellement de les poursuivre en justice. La famille est parfois déclarée responsable de toutes les difficultés que connaît ou qu'a connues l'adepte.
  • La société y est représentée uniquement comme un lieu de perdition, la médecine comme inutile, la psychiatrie comme dangereuse, les religions comme complètement dépassées, la politique comme désuète. Seul le groupe conduit par SON MAÎTRE qui s'auto-proclame sauveur de l'humanité, peut conduire les hommes sur le chemin du bonheur.
  • Les adeptes ont alors la certitude d'avoir une mission rédemptrice à accomplir mais, leur dit-on, "la société a des résistances, des habitudes, des intérêts, on ne vous croira pas, on vous persécutera. C'est ici la preuve que vous êtes dans la vérité. N'en fut-il pas de même pour la plupart des disciples de la paix ?" Raisonnement habile. Plus on s'oppose à un adepte et plus on renforce son adhésion au groupe.
Quatrième étape : rendre le retour impossible
  • L'absence de revenus, de couverture sociale, de réelle expérience professionnelle, rendent le départ délicat.
  • Les déplacements géographiques fréquents ne permettent pas de tisser des liens avec les personnes extérieures au groupe et qui pourraient aider à un retour.
  • Les anciens amis n'existent plus.
  • Les liens familiaux ont été coupés ou sont conflictuels.
  • On s'est marié à l'intérieur du groupe, on a des enfants... Impossible de partir seul, il faut être deux à le vouloir en même temps.
  • On a peur. La discipline est rigoureuse, les punitions sont sévères, la délation est permanente, on craint le monde extérieur, on a des dettes, on redoute des représailles.
  • On reste, on se laisse faire.
  • Le bonheur, la liberté, l'épanouissement ou la connaissance sont promis à chacune des étapes, si bien que l'adepte accepte de souffrir encore plus que ce qu'il pouvait souffrir à l'extérieur (au moment de son engagement) parce qu'à chaque fois, il se dit qu'il serait trop bête de s'arrêter si près du but, que toute sa souffrance (et parfois son argent) n'aurait servi à rien. Plus l'adepte a souffert, plus il est près à souffrir davantage.

Les quatre étapes que nous venons de décrire : séduire et survaloriser, anesthésier l'esprit critique et la personnalité, renforcer l'adhésion au groupe et favoriser les ruptures affectives, sociales, et culturelles, rendent le retour impossible, tendent à créer progressivement un état de fusion et de confusion mentale qui se traduit par une grande infantilisation. Les adeptes sont alors aux ordres de leur maître et sont susceptibles de se transformer en de redoutables fanatiques. La plupart des gourous ne sont-ils pas paranoïaques ?

3. Les créneaux des sectes

L'ésotérisme, l'occultisme, la spiritualité et la religion, l'idéal révolutionnaire, les réseaux de distribution et la santé sont autant de terrains favorables à la constitution de réseaux sur lesquels peuvent se déployer et prospérer les sectes.

Secte et médecine

Les problèmes de santé offrent un excellent créneau aux sectes à l'heure où l'attraction des nouvelles médecines, douces ou parallèles, situe différemment la médecine traditionnelle : sophrologie, acupuncture, homéopathie, naturopathie...

La qualité de ces outils médicaux n'est pas à remettre en cause. Toutefois, la méconnaissance de ces outils ne permet pas au grand public de faire la différence entre le charlatanisme des sectes et le professionnalisme médical.

Des sectes prétendent ainsi croire, au travers d'un discours pseudo-médical, que toute maladie est guérissable, par une approche énergétique, ou par la prière et l'harmonisation, par l'énergie universelle, la galvanoplastie spirituelle!... ou encore la dianétique...

Certaines visent une population particulière comme les drogués ou bien ont une attitude dangereuse au regards d'actes médicaux, comme le refus de la transfusion sanguine.

Psychothérapie et secte

Il y a un très grand risque de confusion pour le profane entre les domaines de la psychologie et la manipulation mentale; celle-ci se situe à deux niveaux : d'une part dans le marketing de la secte, d'autre part, dans l'usage qui en est fait par la secte.

Marketing : Plus que jamais, en effet, l'homme du XXème siècle aspire à se retrouver lui-même dans la pleine harmonie de son corps, de son affectivité, de son intelligence, développer son plein potentiel humain, goûter le bonheur de vivre et d'exister "en soi-même", avec les autres et en communion avec la nature et le cosmos.

Des gourous, déguisés en thérapeutes, psychanalystes, psychologues, professeurs de Zen ou de Yoga, médiums et voyants, vont attirer leurs adeptes en prétendant leur apporter la vraie réponse à leur attente. Dès lors, chacun crée son école, son institut, son centre de psychanalyse ou son monastère.

Usage : Les sectes utilisent des techniques "psy", quelque fois de manière remarquable.

Mais le danger réside dans l'objectif de la secte; celle-ci, en effet, a une stratégie d'enfermement du "patient". Le psychothérapeute a, au contraire, une stratégie d'autonomisation du patient.

Le gourou recherche une mise en dépendance de la personne pour la transformer en aliénation. Le psy, a contrario, donnera à son patient, au travers d'une dépendance momentanée, les moyens de rechercher et d'utiliser ses propres ressources.

Quelques-unes de ces techniques sont simples et bien connues :

  • "Love bombing", ou bombardement d'amour : il s'agit de mettre la personne dans une ambiance chaleureuse, amicale, non-agressive.
  • L'effet de groupe : il faut une grande force de caractère pour se démarquer d'un groupe, d'autant plus si l'on est en recherche d'un milieu social dans lequel on veut être reconnu. C'est le désir d'appartenance.

D'autres sont plus complexes et demandent un savoir-faire et des connaissances techniques approfondies : hypnose, analyse transactionnelle, rêve éveillé, rebirthing...

Attention! S'il faut être attentif à la finalité des techniques utilisées, il ne faut pas rejeter pour autant les techniques psy; elles constituent en effet, des outils indispensables au soulagement et au traitement des troubles, ainsi qu'au développement personnel.

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